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Page:Labiche - L’Avocat d’un Grec, 1859.djvu/32

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BENOÎT.

Mais cependant…

BROSSARD.

Eh bien ! oui !… nous y étions !

BENOÎT.

Ah !

PONTBÉDOUIN.

C’est heureux.

BROSSARD.

Mais comment y étions-nous ?… (Malvoisie lui fait des signes.) Rassurez-vous… je serai chaste, messieurs.

Air : T’en souviens-tu ?
Reportez-vous à ce temps de folie
Où la jeunesse exerçait tous ses droits ;
Où pour cueillir les roses de la vie
Vous n’aviez pas assez de vos dix doigts.
À ces beaux jours où Cupidon nous somme
D’aller semer notre cœur au hasard,
Et comprenez comment un tout jeune homme
Peut vers minuit flâner dans un placard…

(Pendant la fin du couplet, ils sortent tous leurs mouchoirs de leur poche et s’essuient les yeux.)
MALVOISIE, parlé, à part et très-ému.

Hein ! comment sait-il ?

PONTBÉDOUIN, parlé, se levant et à part.

Qu’est-ce que cela signifie ?

BROSSARD, reprenant avec force.

Demandez-vous comment un tout jeune homme
Peut, vers minuit, flâner dans un placard.

MALVOISIE, lui faisant des signes.

Chut ! taisez-vous !

BROSSARD, avec feu.

Non, Malvoisie ! Vous avez beau me faire des signes… quand il s’agit de votre honneur… de celui de vos enfants…

BENOÎT.

Il n’en a pas !

BROSSARD.

J’attendais cette interruption… je n’y répondrai pas.

BENOÎT.

C’est plus commode !… Mais tout ça ne me dit pas pour quoi vous étiez dans le placard ?

BROSSARD, avec force.

Vous voulez le savoir ?