Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 01.djvu/368

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Scène II

Pontbichet, seul

A-t-on jamais vu un Gascon pareil ? C’est qu’il a un aplomb ! Pour plus de sûreté, je vais fermer ma porte. (Il la ferme.) Colardeau doit être revenu du bal masqué… Il arrive de Loches, et, avant de se marier, il a désiré connaître les danses du grand monde… Je l’ai confié à mon coiffeur… ils sont allés à l’Ambigu-Comique. Et cet autre qui me demande ma fille !… elle est pour Colardeau, ma fille… un bon jeune homme blond, plein de respect, de déférence pour moi… Au moins, lui, quand je parle, il m’écoute, et, quand je ne parle pas, il m’écoute encore. (Riant.) Et puis, ce diable de Colardeau, il rit de tout ce que je dis… ça me donne de l’esprit… (Au public.) Enfin, l’autre jour, c’était pourtant pas bien drôle, je luis dis : "Colardeau, je vais à l’enterrement…" Pouf ! le voilà qui pouffe !… Il est gai, ce Colardeau ! Entre nous, je le crois très bien avec ma fille, sa cousine ; ils ont fait connaissance à Loches, il y a deux ans, et, entre cousins… Malheureusement, Colardeau n’a pour toute fortune qu’un oncle qui a, dit-on, le cou très court… c’est quelque chose. En attendant… je lui achèterai un petit fonds de n’importe quoi, avec la dot de ma fille. Ah dame ! je ne suis pas riche, moi ! Je fabrique des gants à vingt-neuf sous, sans coutures… C’est la vérité ! je néglige totalement la couture. Ah çà, il est deux heures un quart… cet animal m’a réveillé… qu’est-ce que je vais faire ? Tiens ! si je réveillais à mon tour Colardeau ! il me tiendrait compagnie… c’est son état. (Il frappe à la porte de droite, premier plan.) Ohé ! Colardeau, ohé !


Scène III

Pontbichet, Colardeau