Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 01.djvu/376

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Dardard.

Non, un remords. Pontbichet : je dois ma fortune à une petite gredinerie.

Pontbichet, gaiement.

Eh bien, je m’en doutais. Contez-moi ça.

Dardard.

Au fait, avec son beau-père…

Pontbichet.

Mais permettez…

Dardard.

Puisque vous direz oui… c’est convenu. Il y a deux ans, j’étais simple commis chez un banquier de Bordeaux. Un jour, un riche armateur dont j’avais la confiance vint me trouver et me tint à peu près ce langage : "Pitchoun… ça veut dire petit, je vais me marier en Amérique ; n’ayant pas eu d’enfants dans ce monde, j’ai des chances pour en avoir dan l’autre. Or, je possède un neveu, un imbécile qui m’envoie deux fois par an ses fautes d’orthographe au jour de l’an et à ma fête. Avant de partir, je veux faire quelque chose pour cet animal-là. Voici quarante mille francs que tu lui remettras avec ma bénédiction… et une grammaire française."

Pontbichet.

Et vous vous êtes empressé de lui porter ?…

Dardard.

Voilà où commence la petite gredinerie. J’allais partir, lorsque, à la porte des Messageries Laffitte et Caillard, j’avise une affiche : "Vins à vendre sur pied."

Pontbichet.

Comment ! des vins sur pied ?