Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/194

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à ne pas y croire ! nous n’avons parlé que du Géant des batailles et du Triomphe d’Avranches.

Cécile.

Mais pourquoi cela ?

Frémissin.

Ah ! parce que… parce que je suis possédé d’une infirmité déplorable : je suis timide !…

Cécile.

Vous aussi ?

Frémissin.

Mais timide jusqu’à l’idiotisme, jusqu’à l’imbécilité ! Ainsi, on me tuerait plutôt que de me faire dire tout haut que ce je me dis tout bas depuis trois mois… c’est-à-dire que je vous aime ! que je vous adore ! que vous êtes un ange !…

Cécile.

Mais il me semble que vous le dites très bien !

Frémissin, stupéfait de son audace.

Je l’ai dit !… Oh ! pardon ! ça ne compte pas, ça m’a échappé !… Je ne vous le dirai plus… jamais… je vous le jure !…

Cécile, vivement.

Ne jurez pas… Je ne vous demande pas de serment !… Timide… un avocat ! ça doit bien vous gêner pour plaider.

Frémissin.

Aussi je ne plaide jamais !… ça m’est arrivé une fois… et ça ne m’arrivera plus.

Cécile.

Que s’est-il donc passé ?

Frémissin.

Ma tante m’avait procuré un client… car Dieu m’est