Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 05.djvu/186

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Antoine, redescendant,

Moi, monsieur ?

Beautendon.

Que vous ai-je dit hier au soir ?

Antoine.

Vous m’avez dit d’aller acheter la Patrie.

Beautendon.

Il ne s’agit pas de ça ! Je me suis efforcé, pour la dixième fois, de vous inculquer les premiers principes d’un service selon les convenances…

Antoine.

Ah oui ! (À part, le flairant de près.) Qu’il sent bon, mon Dieu !

Beautendon.

Et, d’abord, un serviteur convenable ne se tient pas ainsi dans la poche de son maître… il observe une distance respectueuse…

Antoine, reculant d’un pas.

Oui, monsieur Beautendon.

Beautendon.

Il ne dit pas : "Oui, monsieur Beautendon." Il dit : "Oui, monsieur…" tout sec.

Antoine, riant niaisement.

L’ fait est que vous êtes seccot…

Beautendon, s’impatientant.

Sac à papier !… on ne dit pas à son maître : "Vous êtes seccot ! " On lui dit : "Monsieur est seccot ! " on parle à la troisième personne.

Antoine, niaisement.

Faites excuse, monsieur… elle n’y est pas.