Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 09.djvu/137

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Gargaret.

Tenez, j’ai là mon copie-lettres qui fait foi… (Il va le chercher.) Je vous ai écrit : "En réponse à votre honorée j’accepte la dot de cent quatre-vingt-dix mille francs."

Le Marquis.

C’est impossible !

Gargaret, feuilletant le registre.

Nous allons bien voir. (Lisant.) "Nous vous expédions par petite vitesse." Ce n’est pas ça !… (Lisant.) "Ma chère Lucie…" Tiens ! une lettre à ma femme ; c’est d’Albert.

Albert, effrayé.

Oui, je me suis amusé. (Bas à Muserolle.) Sapristi !… Vous l’avez donc mise sous presse ?

Muserolle, bas.

Non ! je me suis assis dessus… et je l’aurai imprimée avec mon… poids.

Gargaret, lisant d’une voix terrible.

"Ma chère Lucie… Non, l’amitié ne suffit plus… Elle doit faire place à un sentiment plus vif.. Laissez tomber un regard d’amour sur l’homme qui vous a consacré sa vie."

Muserolle, à part.

Eh bien, s’il se tire de là !

Gargaret, continuant.

"Son noble cœur est digne du vôtre…" (Très attendri) "Son noble coeur…" (serrant la main d’Albert.) Merci ! Ah ! Albert ! (Il l’embrasse, sanglotant) Il lui donne des conseils jusque dans le copie-lettres ! Ecoutez-le, madame, écoutez-le toujours.

Il fait passer Albert près de Lucie, après avoir donné le copie-lettres au marquis.