Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 09.djvu/398

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Duplan.

Je n’en veux pour preuve que ton voyage en Italie… tu étais parti pour six semaines et tu es resté onze mois… Tu devais me rapporter des roses, et tu ne m’as rapporté que des mèches de cheveux…

Maurice.

J’avoue que j’ai perdu un peu de temps à Florence… mais si vous aviez vu la chevelure de Barbara…

Duplan.

Qu’est-ce que ça me fait, Barbara ? (Avec curiosité.) Elle était donc bien belle, sa chevelure ?

Maurice.

Deux ruisseaux d’ébène qui descendaient jusqu’à terre !

Duplan, avec admiration.

Oh !… oh !… allons, passe pour Barbara !… Mais à Venise ! qu’as-tu fait à Venise ? impossible de te faire décamper !

Maurice.

Ah ! si vous connaissiez Zirzina !

Duplan.

Allons !… Zirzina maintenant !

Maurice.

Quelle taille ! quelle cambrure !… la souplesse du serpent, la rigidité du marbre ! et ses yeux, moitié velours, moitié feu !

Duplan, avec admiration.

Oh ! oh ! (À part.) Et dire que je n’ai jamais vu l’Italie !… voilà ce que c’est que de s’acoquiner à Courbevoie !

Maurice.

Ce n’était qu’une marchande de fleurs… Mais il y avait du sang des doges chez cette femme-là !