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Dès le premier jour de la révolte, le vieux Berkeley avait demandé au roi des soldats pour étouffer une rébellion qui mettait tout en feu ; il représentait la Virginie comme étant tellement exaspérée par les restrictions mises à son commerce, qu’elle était impatiente de secouer le joug de la métropole. Charles expédia des troupes, mais quand elles arrivèrent, tout était terminé. Une maladie avait emporté Bacon, et avec lui s’était éteinte la rébellion.

Berkeley vengea son autorité méconnue par une répression des plus rudes ; les prisons se remplirent ; vingt-deux personnes furent pendues. « Le vieux fou, disait Charles II dont le cœur était bon et inaccessible à la vengeance, le vieux fou a pris plus de vies dans ce misérable pays que moi pour le meurtre de mon père, » et il disait vrai, car il n’était monté sur l’échafaud que six régicides. Dans une proclamation publique le roi blâma la conduite du gouverneur comme contraire à ses ordres et blessant sa clémence, et bientôt Berkeley lui-même fut rappelé. Mais déjà l’assemblée coloniale avait pris le devant en votant une adresse au gouverneur pour qu’il voulût bien ne plus verser de sang davantage. « Si nous l’avions laissé faire, disait un des membres de l’assemblée, il eût pendu la moitié du pays. »

Du sang versé, tel fut pour la Virginie le premier résultat du système colonial. Elle y perdit