Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/464

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

néglige de baptiser ses nègres ou ses esclaves, dans la crainte que ce baptême n’emporte affranchissement et liberté, il est dès à présent déclaré licite à tout nègre ou esclave de recevoir et de professer la foi chrétienne, et d’être baptisé ; mais le baptême et la profession de foi chrétienne ne feront point que l’esclave soit affranchi ou mis en liberté.[1] »

Il y a loin de cette doctrine à la doctrine chrétienne, si nettement formulée par saint Paul :

« Il n’y a ni Juifs, ni Gentils, ni esclave, ni libre, ni homme, ni femme, mais vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ. »

Sans doute saint Paul, venu au milieu d’une société remplie d’esclaves, n’appelait point ces malheureux à l’insurrection, et lui-même renvoyait à Philémon un esclave fugitif[2], en lui recommandant de recevoir Onésime comme un frère bien-aimé ; mais on peut dire que, dans ces paroles mêmes, il y avait le germe de l’affranchissement.

C’est ainsi du moins que l’entendait l’Église, et dès le premier jour elle fut la patronne et la protectrice des esclaves. Ouvrez le code Théodosien, vous y trouverez toute une législation favorable due à Constantin, et la première conquête de l’Église reconnue par l’empereur fut le droit d’affranchir les esclaves dans son sein, le dimanche en assemblée publique, comme une œuvre pieuse et sainte.

  1. Hildreth, t. II, p. 275.
  2. Épître de Paul à Philémon.