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des autres richesses. Le flot des valeurs mobilières, en montant tous les jours, réduit de plus en plus l’importance du sol ; l’agriculture se confond avec l’industrie, et on peut croire que dans une situation toute nouvelle on n’a rien à craindre des malheurs d’autrefois.

Ce n’est pas l’instant de discuter les conséquences économiques et politiques de ce système ; je le crois mauvais. On détruit ainsi cette classe de laboureurs propriétaires, qui, au moyen âge, a fait la force de l’Angleterre, et qu’on a toujours considérée comme le nerf de l’État. La morale publique est atteinte par cette constitution artificielle d’une classe de gens forcément riche, à qui ses vertus et ses alliances profitent toujours, à qui ses fautes ne nuisent jamais. C’est une mauvaise chose qu’un monopole ; mais il est doublement fatal quand il place l’influence et le pouvoir autre part qu’entre les mains de l’homme parvenu par son travail et sa capacité.

Mais, je le répète, je n’entends point juger, en ce moment, un système consacré par le respect et la prospérité d’une grande nation ; ce que j’ai voulu montrer par l’exemple de l’Angleterre, c’est comment l’égalité n’est pas une condition essentielle de la liberté, car tout au contraire, de l’autre côté de la Manche, on trouve réunies l’extrême liberté près de l’extrême inégalité.

Comprenez maintenant pourquoi l’Angleterre