Page:Laboulaye - Locke, législateur de la Caroline.djvu/14

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le siècle expiré (époque à laquelle on supposait que la colonie serait établie et peuplée), la dignité et la puissance des propriétaires devenaient inaliénables et substituées dans leur famille comme la couronne même d’Angleterre. À défaut d’héritier, les survivants nommaient un successeur, pris dans l’ordre des landgraves, dont nous parlerons tout à l’heure. Ainsi était constitué un grand Conseil, une diète héréditaire de starostes. Le plus âgé des propriétaires prenait le nom de Palatin, et, à sa mort, devait être remplacé par le plus âgé des survivants ; c’était le chef de l’État ; mais à côté de lui chacun des autres propriétaires tenait un office comme les électeurs d’Allemagne, et les règles de préséance n’étaient pas moins scrupuleusement fixées pour le futur État de Caroline que pour le vieil Empire germanique. L’un des propriétaires était l’amiral, l’autre le chambellan, un troisième le chancelier, un quatrième le connétable, le cinquième était grand-juge, le sixième grand-maître (high steward), et le dernier trésorier.

Après avoir déterminé les dignités de ces souverains, Locke fixait leur apanage. La Caroline était divisée méthodiquement en comtés ; chaque comté devait comprendre 480,000 acres ; le comté se divisait à son tour en quarante portions de 12,000 acres chacune ; huit de ces divisions se nommaient seigneuries, huit autres baronnies, les vingt-quatre dernières se nommaient colonies. Les seigneuries étaient attribuées à chacun des huit propriétaires, qui possédaient ainsi en propriété privée et inaliénable le cinquième de l’Etat. C’était une part suffisante pour leur assurer à jamais une influence politique sans partage.

On devait créer dans chaque comté un landgrave ou comte, et deux caciques ou barons, et c’est entre eux qu’on partageait les huit baronnies. Quatre appartenaient au