Page:Laboulaye - Quelques réflexions sur l’enseignement du droit en France.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des étudiants et celle des professeurs, tout en obtenant et des uns et des autres le plus grand développement possible de leurs forces intellectuelles.


§ 6. — Résumé.


Résumons l’expérience allemande en un petit nombre d’axiomes reçus sans contestation de l’autre côté du Rhin, et qui, en France, doivent devenir familiers à tout homme qui s’occupe de la direction ou de la réforme de l’enseignement supérieur.

1° Une Faculté n’est point une école préparatoire instituée uniquement dans un but pratique. Sa destination est de donner complétement, dans son intégrité, l’enseignement supérieur, sans égard à l’utilité plus ou moins immédiate, plus ou moins directe de telle ou telle branche scientifique. Pour admettre que l’École de droit dût se restreindre à l’enseignement pratique, il faudrait supposer au-dessus de la Faculté un établissement dans lequel se donnerait l’enseignement supérieur, objet de la sollicitude de tout gouvernement éclairé.

2° Le droit étant à la fois une science et un art, son enseignement doit être philosophique, historique et pratique, si l’on veut que l’éducation nationale ne prenne pas une fausse direction.

3° Le gouvernement a un double droit sur l’enseignement supérieur, — droit de surveillance politique pour qu’on ne pervertisse pas l’esprit de la jeunesse par des doctrines subversives ou antisociales ; — droit d’exiger que certaines leçons soient données de préférence par les professeurs qu’il institue, et suivies par les étudiants qui lui demanderont quelque jour un caractère public.

Sur le premier point, l’organisation des professeurs en corporation, le pouvoir de suspendre et de destituer, après jugement, celui d’entre eux qui manquerait ses devoirs, sont pour l’État une garantie suffisante.

Pour le second, qui concerne plus spécialement les étudiants