Page:Labriola - Essais sur la conception matérialiste de l’histoire.djvu/310

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que de pareilles forces productives dormaient dans le travail social ?

Voici donc ce que nous avons vu : les moyens de production et d’échange servant de base à l’évolution bourgeoise furent créés dans le sein de la société féodale. À un certain degré du développement de ces moyens de production et d’échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait ses produits, l’organisation féodale de l’industrie et de la manufacture, en un mot, les rapports de la propriété féodale, cessèrent de correspondre aux nouvelles forces productives. Ils entravaient la production au lieu de la développer. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait briser ces chaînes. On les brisa. À la place s’éleva la libre concurrence, avec une constitution sociale et politique correspondante, avec la domination économique et politique de la classe bourgeoise.

Sous nos yeux il se produit un phénomène analogue. La société bourgeoise moderne, qui a mis en mouvement de si puissants moyens de production et d’échange ressemble au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées. Depuis trente ans au moins, l’histoire de l’industrie et du commerce n’est que l’histoire de la révolte des forces productives contre les rapports de propriété qui sont les conditions d’existence de la Bourgeoisie