Page:Labriola - Essais sur la conception matérialiste de l’histoire.djvu/326

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qui fait que l’ouvrier ne vit que pour accroître le capital et ne vit que juste autant que l’exigent les intérêts de la classe régnante.

Dans la société bourgeoise, le travail vivant n’est qu’un moyen d’accroître le travail accumulé. Dans la société communiste, le travail accumulé n’est qu’un moyen d’élargir, d’enrichir, et d’embellir l’existence.

Dans la société bourgeoise, le passé domine le présent ; dans la société communiste c’est le présent qui domine le passé. Dans la société bourgeoise, le capital est indépendant et personnel, tandis que l’individu agissant est dépendant et privé de personnalité.

C’est l’abolition d’un pareil état de choses que la bourgeoisie flétrit comme l’abolition de l’individualité et de la liberté. Et avec juste raison. Car il s’agit effectivement de l’abolition de l’individualité, de l’indépendance et de la liberté bourgeoises.

Par liberté, dans les conditions actuelles de la production bourgeoise, on entend la liberté du commerce, du libre-échange.

Mais avec le trafic, le trafic libre disparaît aussi. Au reste, tous les grands mots sur le libre-échange, de même que toutes les forfanteries libérales de nos bourgeois n’ont un sens que par contraste au commerce entravé, au bourgeois asservi du moyen âge ; ils n’en ont aucun lorsqu’il s’agit de l’abolition, par les communistes, du trafic, des