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versai le lac que je désirais tant voir. Un monceau de neige s’élève au milieu : j’y cours, j’y suis, moins deux pas. Que ces deux pas furent difficiles à faire ! Je n’osais remuer cette neige. Je me marque du signe de la Croix, je m’agenouille… puis… tu comprends le reste père ; mon mari était devant moi, tel que je l’avais vu pendant mon sommeil. Je voulus le tourner ; son bras roidi me présenta le lièvre et la perdrix que sa main morte tenait. Il voulait être bon jusqu’après sa mort.

Dieu me donna la force de le traîner sur le rivage du lac, je voulais qu’il eût plus tard une sépulture chrétienne. Le missionnaire bénira sa fosse, pensai-je. Oh ! Père, quand tu monteras la rivière Manicouagan, n’oublie