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De son beau corps que le regard devine
Ce que ton art a voulu nous voiler.
Mais je la vois ! ta peinture est divine,
O Rhodien ! — Ce portrait va parler !


XXIX

PORTRAIT DE BATHYLLE


 
Écoute et reproduis sur la cire ductile,
Reproduis-moi les traits de mon aimé Bathylle.
Fais-lui des cheveux bruns, d’essence tout lustrés ;
Que noirs à la racine et par le bout dorés,
Ils flottent librement. Dans sa blancheur rosée,
Montre un front virginal plus frais que la rosée.
Pour peindre ses sourcils d’un bleu sombre et luisant,
Emprunte ses lueurs à l’azur du serpent.
D’une clarté divine inonde sa paupière.
Que ses yeux noirs, foyer d’où jaillit la lumière,
Aient l’éclair du regard et la sérénité,
De Cypris la douceur et de Mars la fierté :
Qu’ils inspirent la crainte et laissent l’espérance.
Donne à sa joue en fleur la rose transparence
D’un beau fruit que Phoibos mûrit à son ardeur,
Et répands-y le rouge aimé de la pudeur.
Pour sa lèvre, peins-la persuasive et belle,