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On lui rendrait la liberté ;
Il s’est fait à son doux servage :
Le Dieu captif de la Beauté
Préfère à tout son esclavage.


XXXII

SUR LE DÉLIRE DU VIN


 
Laissez-moi boire, au nom des Dieux !
Au nom des Dieux, laissez-moi boire !
Dans ma coupe à long flots pressant la grappe noire,
Je veux, plein de Bacchus, devenir furieux !
Après avoir tué leurs mères,
Alcméon, Oreste aux pieds blancs
Déliraient et tordaient dans l’air leurs bras sanglants.
Exempt de féroces colères,
Moi qui n’ai fait couler que la rouge liqueur
Des grappes à Bacchus si chères,
Je veux, je veux du vin connaître la fureur !
Jadis, l’impétueux Alcide,
Brandissant d’Iphitos l’arc et le carquois d’or,
Faisait tout fuir devant son délire homicide.
Jadis, plus furieux encor
Ajax au bras de fer, Ajax au dur courage,
Délirant d’une aveugle rage,