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LXII

SUR ANACRÉON


 
Le doux lyrique de Téos,
Anacréon, l’ami d’Éros,
Une nuit m’apparut en rêve.
Je m’entends nommer, je me lève
Et, vers lui volant empressé,
D’un cœur ému je l’embrassai.
Il était vieux mais beau ; les Grâces
Avaient sur son front argenté
Versé cette heureuse gaîté
Qui des ans charme les disgrâces.
Sa lèvre au sourire divin
Exhalait l’arome du vin.
Pour aider sa lente vieillesse,
L’ami de sa verte jeunesse,
Éros, le guidait par la main.
De son front ôtant sa couronne,
Le doux vieillard au grand renom
Sourit, s’avance et me la donne :
Elle sentait Anacréon.
Et moi d’une main indiscrète
J’osai la poser sur ma tête ;
Hélas ! Éros depuis ce jour
De mon cœur a fait son séjour.