Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/238

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Les rois l’ont bien compris ! Ils savent que ton âme
D’une œuvre de salut est sans cesse en travail ;
Que toute nation à ton contact prend flamme !...
Toi de moins sous le ciel, tel est leur rêve infâme !
Ils régiront en paix les peuples, leur bétail.

Tu troubles leur repos : toi debout, toi vivante,
Pour eux plus de sommeil, plus de sécurité.
A ta perte conspire une haine savante :
Ils veulent, t’immolant sur ton œuvre fervente,
Dans son foyer natal tuer la Liberté.

Liberté, défends-toi par la main de la France !
France, des nations sois le bras justicier !
Pour le Droit en péril, pour le siècle en souffrance,
Pour les peuples trompés et pour leur délivrance,
Pour ton propre salut, hors du fourreau l’acier !

Pour la dernière fois, qu’en tes mains étincelle
Le fer, le fer sacré qui délivre des rois !
Sans merci ni pitié, qu’à flots le sang ruisselle !
Que la guerre s’embrase horrible, universelle !
Mais que ce soit du moins pour la dernière fois !

Qu’après avoir dompté l’antique barbarie,
Qu’après avoir puni l’audace et ses forfaits,
Pour prix de tant de sang, hélas ! et de tuerie,
La Victoire, aux vaincus de la grande patrie,
D’une paix magnanime impose les bienfaits.