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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/34

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Par ton sein maternel qui berça mes sanglots,
Par ton culte sacré, par notre amour suprême,
Entends ma voix priant pour un autre moi-même,
Pour l’un des tiens, ô Muse ! une âme dans sa fleur,
L’enfant spirituel que s’est donné mon cœur.
De tes tristes élus il porte au front le signe :
Garde pour tes lacs bleus, garde les jours du cygne !
Que ton oiseau divin n’aille point à son tour
Saigner, proie innocente, aux serres du vautour !
Contre l’homme et la vie, et le monde et son piège,
Défends ce jeune esprit, ô Muse ! et le protège.
Que ce lys virginal à ton ombre bercé
Du ver au dard mortel ne soit jamais blessé !
Close aux vents d’ici-bas, que cette âme choisie
Ne s’ouvre qu’à ta brise heureuse, ô Poésie !
De la femme sans cœur épargne-lui les fers !
Sauve au moins, sauve un fils des maux par tous soufferts !