Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/105

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couleur rosée apparaissait sur ses joues pâlies. Les châssis de la limousine avaient été baissés vis-à-vis de Castello. Il n’aurait pas été prudent de baisser ceux qui se trouvaient du côté d’Éliane, car, qui savait si celle-ci n’aurait pas l’idée de s’évader, en sautant de l’automobile en marche, même au risque de se tuer ou de se fracturer un membre, pour le moins. Castello savait que la jeune fille serait prête à tout risquer pour fuir la caverne.

À un mille et demi, à peu près de Bowling Green, quelque chose alla mal à la machine, très-mal même. La limousine dévia de la route, soudain, puis elle s’arrêta.

« Qu’y a-t-il ? » demanda Castello à Goliath.

« Je ne sais pas, M. Castello, » répondit Goliath ; « mais ça ne marche plus. »

Castello ouvrit la porte de la limousine et sauta par terre, ayant soin, toutefois de refermer la porte derrière lui. Il se mit à examiner la machine avec Goliath.

« Je ne puis pas comprendre ce qu’il y a, » dit-il, « et je ne sais si nous sommes loin de Bowling Green ou d’un garage… Vous faites mieux de descendre, » ajouta-t-il, en s’adressant à Éliane et à Lucia. « Lucia, offre ton bras à Mlle Lecour… Vous pouvez marcher un peu ; cela vous fera du bien. J’espère trouver du secours sous peu. »

Castello ouvrit la porte de la limousine et Éliane en sortit, suivie de près par Lucia. Juste au moment où les deux femmes mettaient le pied à terre, un chien arriva en aboyant et gambadant, près de l’automobile.

« Oh ! la jolie bête ! » s’écria Éliane.

Mais Lucia devint blanche comme de la chaux et Éliane vit bien que cette femme avait une frayeur instinctive des chiens.

« Tristan ! Ici, Tristan ! » dit une voix.

Aussitôt, le chien fit un bond dans la direction de cette voix, puis un homme de haute taille, à la barbe et aux cheveux blancs, arriva sur la scène :

« Je crains que mon chien vous ait beaucoup effrayées,