Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/136

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forte pour présider au repas, ce matin ?… Je n’aime guère prendre mes repas seule avec M. Castello. »

Non, Lucia n’était pas dans la salle à manger quand Éliane y entra ; sans doute, son excursion nocturne n’avait pas contribué à améliorer l’état de sa santé.

« Lucia est-elle plus malade ce matin ? » demanda Éliane à Castello.

— « Non, non » répondit Castello. « Nous sommes revenus tard hier soir — ou plutôt, de bonne heure ce matin — et Lucia reprend son sommeil perdu ; voilà tout. »

— « Ah ! tant mieux… Je veux dire, tant mieux si Lucia n’est pas malade… Je l’ai trouvée bien changée hier. »

« Comment avez-vous passé la veillée, hier soir, Éliane ? » demanda Castello. Vous dormiez depuis longtemps quand nous sommes revenus. »

Comment avait-elle passé la veillée ?… Ah ! M. Castello était loin de se douter des aventures par lesquelles elle était passée !  !

— « Oh ! la veillée s’est passée bien agréablement, merci… Je n’étais pas tout à fait seule d’ailleurs ; j’avais Rayon pour me tenir compagnie. »

— « Ah ! oui, Rayon !… » dit Castello en riant. « Comment se porte ce petit personnage ? »

— « Il se porte bien, merci, » répondit la jeune fille gaiement. « En ce moment, il dort dans le lit que je lui ai fait dans ma chambre, chère petite bête ! »

— « Que je suis content de vous avoir fait tant plaisir, en vous donnant ce petit chien ! Quand je serai parti, Rayon me rappellera à votre souvenir peut-être… sans comparaison, j’espère, » ajouta Castello, en riant.

— « Point n’était besoin de me laisser un souvenir pour cela ; j’aurais pensé à vous quand même, M. Castello. »

« Certes » se disait Éliane, « je ne saurais vous oublier, cher M. Castello !… Depuis six mois et au-delà que vous me retenez prisonnière dans cette caverne ; cela, je ne l’oublierai jamais ! »

Mais Castello, qui, comme la majorité des hommes, était