Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/234

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Andréa !… Il était roi et maître dans la maison ; chaque désir exprimé par sa bouche mignonne était un ordre auquel on s’empressait d’obéir… Oui, on l’adorait le fils d’Éliane et de Tanguay !… Et grand-papa Desroches donc ! Et Paul ! Paul était fou de bébé Andréa et quand il venait à la villa, il se faisait l’esclave des moindres désirs de ce chérubin de trois ans… Mme Duponth… Eh ! bien, Mme Duponth avait porté bébé Andréa au baptême et, à cause de cela, sans doute, elle considérait que cet enfant lui appartenait un peu… beaucoup même. Mme Duponth n’avait pas eu de famille et elle reportait sur le fils d’Éliane l’amour maternel qui gît dans tout cœur de femme… Quant à Bamboula, il considérait bébé Andréa comme la plus grande merveille du monde, tout simplement ! La première fois que ce blond chérubin lui tendit les bras — à lui, Bamboula — celui-ci faillit en devenir fou de joie.

Mais, pour revenir où nous en étions. Quand on se fut installé dans le salon, après le dîner, Tanguay s’écria tout à coup :

« Oh ! Éliane, j’ai oublié de te remettre cette lettre ; je l’ai sur moi depuis ce matin. »

Ce disant, Tanguay présenta une lettre à sa femme ; l’enveloppe portait le timbre d’un pays étranger.

« Un timbre d’Italie ! » s’exclama Éliane, en s’emparant de la lettre. « Qui peut bien m’écrire de ce pays ? »

— « Peut-être ferais-tu bien de l’ouvrir, ma chérie, » dit Tanguay en souriant ; « c’est le meilleur moyen de savoir à quoi t’en tenir. »

« C’est vrai, » répondit Éliane, en riant. « Tu as toujours des idées si originales, Tanguay ! »

Éliane ouvrit la lettre, puis ses yeux cherchèrent immédiatement la signature et une exclamation vint à ses lèvres. Quand elle eut pris connaissance de la lettre, elle la passa à Tanguay en disant :

« C’est la plus singulière chose ! Lis donc cette lettre tout haut, mon aimé… Cette lettre vient de M. Castello. »