Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/22

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être un mal de plus, et qu’il en pourrait même sortir çà et là quelque bien pour quelques-uns. »

Laclos n’est coupable peut-être que de ne pas avoir énoncé semblable scrupule. Lui en sera-t-il toujours tenu rancune ? Reconnaîtrons-nous enfin que si ses peintures réalistes parlent de trop vive façon à nos sens, la faute en est souvent en nous, qui ne savons pas les exiler de nous-mêmes et qui lisons avec eux…

Il y avait plus et mieux que toutes ces raisons d’un ordre sentimental. Les Liaisons dangereuses se terminent par une note où de Choderlos de Laclos annonce une suite à cet ouvrage. Avait-elle jamais été écrite ? Baudelaire avait été frappé de cette lacune, il avait noté ce point comme un problème à éclaircir.

Le fragment « didactique » que nous publions ci-après, de l’Education des femmes, n’est pas sans quelque rapport avec les Liaisons dangereuses. Et sans prétendre qu’il en soit la suite, n’en serait-il pas comme une conséquence, comme la conclusion ? Choderlos de Laclos avait dit dans les Liaisons, tous les dangers de l’amoureuse coquette de son temps, tous les vices de la séduction contemporaine. Pour qui sait lire, un sujet presque semblable est repris, continué, combattu, dans l’Éducation puisqu’il y est décrit tous les avantages de la femme naturelle, le charme de l’amour simple. Cette rencontre n’est peut-être pas seulement l’œuvre d’une fortune heureuse et imprévue. Et Choderlos n’avait-il pas comme le dessein de provoquer, par cette opposition flagrante, un désir de contrition, le retour à des