Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/23

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idées plus saines ? L’Éducation des femmes ne devait-elle pas enfin continuer, dans son esprit, la bienfaisance des Liaisons considérée alors comme œuvre morale ?

Assurément, il ne faudrait pas exagérer. Ce n’est pas là un pendant à l’Éducation des filles, de Monseigneur de Fénelon. Les conseils que Choderlos de Laclos donne aux femmes, s’adresseraient mieux, parfois, aux courtisanes. Mais tenons compte des mœurs du temps, qui, malgré lui, l’entrainaient dans ces écarts. Et qu’on dise s’il n’avait pas à convertir une société plus franchement corrompue que les brebis de l’archevêque de Cambrai ?

Dans un de ses ouvrages, le Pornographe, qui présente avec ce fragment de l’Éducation des femmes, quelques ressemblances disséminées. Rétif de la Brotonne traite aussi du même sujet. Maître Nicolas accepte les filles. Il fait plus encore : il les réglemente. Il veut des femmes jolies et fraîches placées dans des parthénoins et celui-là dirigé par un conseil composé de douze citoyens ayant exercé des charges dans la magistrature ; au-dessus d’eux, des gouvernantes. Il ne peut y avoir de doute. Rétif accepte la prostitution ; il la protège. Ce retour à la nature que demande Laclos n’est-il pas une mesure préférable, dès lors, et plus honnête, que cette extension, même policée de la débauche ? Rétif commande aux femmes « de n’avoir jamais aucunes odeurs, de mettre du blanc ou du rouge, de se servir de pommades pour adoucir la peau, étant reconnu que tout cela ne donne qu’un éclat factice et détruit la beauté naturelle ».