Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/74

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mères et des enfants, qui ne cesse avec le besoin de ceux-cy. Dans quelques espèces nous trouvons à la vérité une union passagère du mâle à la femelle qui disparoit toujours avec le besoin des petits ; mais, outre que cette union de l’homme à la femme ne paroit pas nécessaire à leur enfant, nous osons dire qu’elle est impossible ; en effet, les animaux chez lesquels cette union subsiste, ont toujours un temps marqué pour les désirs ; ce temps passé, les désirs s’éloignent dans l’un et l’autre sexe ; et, de plus, ce temps est toujours suivi de la fécondité. Il n’en est pas ainsi de l’homme et de la femme ; l’homme aura de nouveaux désirs, et s’il les satisfait avec une autre femme, à laquelle des deux s’attachera-t-il ? Supposons que, contre toute espèce de raisons, il se fixe à une seulle femme. Est-il sûr que cette femme en soit fécondée, et si elle ne l’est pas que deviendra leur union, jusqu’à quand durera t’elle ? Le mariage indissoluble, et avec une seulle femme, deviendroit, dans ce cas, une suite de l’instinct naturel nécessaire et immuable, dont parle M. de Voltaire.

M. de Voltaire avance que l’instinct des animaux carnassiers est plus prompt que celui de l’homme.

Nous conviendrons d’autant moins de ce fait, relativement à l’homme naturel, que nous le voïons démenty chez l’homme sauvage, qui a déjà dû perdre une partie de cet instinct. Ils ont, ajoute-t-il, une nourriture plus assurée que l’espèce humaine.

Nous avons déjà dit plus haut, d’après les plus sçavants naturalistes, que l’espèce humaine étoit celle qui s’ap-