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16 Préface

fiance de sa fille. Les jeunes gens de l’un & de l’autre sexe pourroient encore y apprendre que l’amitié que les personnes de mauvaises mœurs paraissent leur accorder si facilement, n’est jamais qu’un piège dangereux, & aussi fatal à leur bonheur qu’à leur vertu. Cependant l’abus, toujours si près du bien, me paraît ici trop à craindre ; &, loin de conseiller cette lecture à la jeunesse, il me paroît très-important d’éloigner d’elle toutes celles de ce genre. L’époque où celle-ci peut cesser d’être dangereuse & devenir utile, me paraît avoir été très bien saisie, pour son sexe, par une bonne mere, qui non seulement a de l’esprit, mais qui a du bon esprit. « Je croirois, me disoit-elle, après avoir lu le manuscrit de cette Correspondance, « rendre un vrai service à ma fille, en lui donnant ce Livre le jour de son mariage. » Si toutes les mères de famille en pensent ainsi, je me féliciterai éternellement de l’avoir publié.