Page:Lacombe - Dictionnaire de la langue romane - 1768.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
xxxiv
Origine & révolutions


grecque, qu’avec la latine, & si le goût des lettres n’eût insensiblement développé chez eux, & chez d’autres nations, les mêmes talens qu’ils admiroient chez les grecs, peut-être la langue grecque eût-elle à la fin enseveli la langue naturelle de ces peuples.

Nous en avons des exemples modernes. L’italien & l’espagnol ont été beaucoup plus à la mode en France, qu’ils ne le sont aujourd’hui ; parce que nous étions obligés de chercher & de lire dans ces langues, des ouvrages que la nôtre n’avoit pas encore produits. Nos premieres tentatives, même dans chaque genre, portent le caractere d’imitation. Pour renfermer dans un seul exemple tous ceux que je pourrois apporter, il suffit d’examiner la naissance & les progrès du théâtre françois. Nos premiers ouvrages en ce genre, je parle de ceux mêmes qui méritent encore aujourd’hui quelque estime, sont des traductions de l’espagnol. Les pieces que nous avons ensuite voulu composer de génie, ne s’élevent guere au-dessus de la simple imitation ; ce sont des pieces d’intrigue : les noms, les caracteres & la scene sont en Espagne. Et ce qui fait voir que nous suivions cette route plutôt par foiblesse que par goût, c’est que nous trouvons aujourd’hui fatigantes les pieces