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LA TERRE PATERNELLE

invitation ; et, chargeant son paquet de hardes sur ses épaules, il se mit aussitôt en route, après avoir dit adieu à ses compagnons de voyage. C’était un homme dans la fleur de l’âge, à la taille élancée, et de bonne mine. Son teint était brûlé par les ardeurs du soleil. Ses cheveux longs et crépus, qui n’avaient pas connu les ciseaux depuis longtemps, flottaient sur ses épaules. Il portait des pantalons de grosse toile du pays, que retenait une large ceinture de laine diversement coloriée, et dont les franges touffues retombaient sur ses genoux. Ses pieds étaient chaussés de souliers de peau d’élan artistement brodés en poil de porc-épic de diverses couleurs, et ornés de petits cylindres de métal d’où s’échappaient des touffes de poils de chevreuil teints en rouge. Sa chemise de coton blanc, à raies bleues, était entr’ouverte, et laissait voir sa poitrine, tatouée de dessins fantastiques. Un cordon, dont on ne reconnaissait plus la couleur primitive, pendait à son cou, et laissait deviner une médaille.

Cet homme marchait à grands pas, interrogeant du regard toutes les routes, comme pour s’assurer de la plus courte qu’il avait à suivre pour se rendre au Gros-Saut, où demeurait sa