Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/10

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blèmes religieux de Dijon lui revenaient à la pensée; il reprenait, seul avec lui-même, ses objections d’autrefois, et les réponses de ses amis, dont son intelligence déjà mûrie appréciait mieux le faible et le fort. Dans ses méditations persévérantes, l’évidence historique et sociale du christianisme le ramenait à la foi de sa mère et de son enfance; une lumière intérieure et une secrète impulsion que la grâce de Dieu peut seule donner, achevèrent l’œuvre : il était le vaincu de Dieu. Mais pour lui, redevenir chrétien, c’était travailler à rendre croyants ceux de ses contemporains qui n’avaient pas ce bonheur. « Il vit « dans le monde un grand malade, et il pensa « qu’il n’y avait rien de comparable au bonheur « de le servir avec l’Évangile et la Croix de Jé « sus-Christ. Un désir du sacerdoce, vif, ardent, « irréfléchi, mais inébranlable, s’empara de lui, « il voulut être prêtre (1). » Et, sans plus tarder, il alla demander à Mgr de Quelen, alors archevêque de Paris, de le recevoir dans son diocèse et dans le séminaire de Saint-Sulpice. « Soyez le bienvenu, lui dit le prélat en lui tendant la main; vous défendiez au barreau des causes périssables, vous allez en défendre une dont la justice est éternelle. »

(1) Mémoires du P. Lacordaire.