Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/11

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— VI —

Au séminaire, Henri Lacordaire apporta sa foi de néophyte, sa bonne et forte volonté, mais aussi ses tendances politiques et son impétueuse nature si contraire à la réserve de la vocation cléricale. « II sortait sans le vouloir de la physio- « nomie ordinaire des élèves. Sûr du mouve « ment qui le conduisait au sacerdoce, il ne « songeait pas assez d’abord à réprimer les « saillies d’une intelligence qui avait discuté trop « de thèses, et d’un caractère qui n’était pas « encore assoupli (1). » Aussi ses pieux et prudents directeurs, inquiets de la fougue et des contrastes de cette singulière nature, hésitèrent quelque temps à reconnaître en lui un élu du sanctuaire. Mais sa docilité, sa persévérance et la droiture mieux connue de ses intentions, finirent par dissiper les sages appréhensions des maîtres, et, le 25 septembre 1827, l’abbé Lacordaire écrivait à ses amis « Je suis prêtre depuis trois jours et pour l’éternité. » Revêtu du sacerdoce, il refusa sans hésiter la charge brillante d’auditeur de rote, qui l’eût conduit à l’épiscopat. Ce n’étaient pas les honneurs que ce converti venait chercher dans le sanctuaire, mais Dieu, la croix et les âmes. Institué aumônier d’un petit couvent de la Visitation et en même temps

(1) Mémoires du P. Lacordaire.