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cipes et de faits, il était parvenu à organiser un plan nouveau, dans lequel la vérité se proportionnait au génie du siècle présent, sans cesser d’être éternelle. Et en même temps qu’il saisissait ses auditeurs par l’opportune nouveauté du plan, il les ravissait, en marquant du sceau de Jésus-Christ ce qu’il y avait de juste et de vrai dans les aspirations et les idées qui les passionnaient tant. S’il établissait avant tout la nécessité de la foi, il s’inclinait avec un sympathique respect devant la raison, qui, elle aussi, est fille de Dieu, et devient d’autant plus grande qu’elle sait mieux se contenir dans son terrain, sous la tutelle de la Raison infinie. A ce siècle qui parlait de liberté, le jeune prédicateur pouvait dire sans crainte d’être démenti : « J’en parle aussi fièrement qu’un autre. » Mais en même temps il lui rappelait que la vraie liberté est née de l’Évangile, a été baptisée par l’Église, et ne vit bien que là où l’Église la protège. Parlait-il des tristesses et des grandeurs de la patrie, son émotion devenait si profonde et ses accents si beaux qu’il fallait bien se dire : Loin d’étouffer les sentiments élevés de notre nature, la foi les purifie et les agrandit en les divinisant. Et toutes ces grandes idées, tous ces nobles sentiments sortaient de son cœur, tantôt comme