Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/36

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« élever et à nourrir! L’égoïsme lui disait : Reste. « Jésus-Christ lui disait Lorsque la gloire et la « tranquillité me furent proposées, j’ai choisi la « vie et la mort de la Croix (1). » Une fois sa résolution prise, il n’eut ni faiblesse, ni repentir, et il s’avança courageusement au-devant des difficultés qui l’attendaient. L’accueil facile et cordial que son étonnant dessein rencontra dans la ville de Rome le surprit et le toucha. Le Pape avait daigné le bénir avec la plus grande bonté; et le Général de l’Ordre de Saint-Dominique, loin de repousser ou d’ajourner sa demande, le recevait comme un envoyé du ciel. Mais comment prendre pied sur cette terre de France d’où les religieux, après tant de services rendus, étaient proscrits tout ensemble par les préjugés les passions et les lois? L’abbé Lacordaire, à qui le coup d’œil manquait rarement dans ces moments décisifs, comprit que, dans la situation qui lui était faite par les événements, il ne pouvait trouver un juge plus équitable et un défenseur plus influent que son pays. Il lui confia donc directement sa cause en lui adressant son Mémoire pour le rétablissement des Frères Prêcheurs en France.

(1) Lettre à Mme Swetchine.