Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/77

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maine, avait été confirmée dans le schisme par l’ingratitude et la déloyauté des siens à l’égard des croisés. C’en était fait de l’Orient. L’histoire a montré depuis les conséquences de ce désastre : la chute de Constantinople, et l’occupation d’une partie du territoire européen par les Turcs ottomans; une dure servitude imposée à des millions de chrétiens sous leur domination, et leurs armes menaçant le reste de là chrétienté jusqu’au temps de Louis XIV; trois siècles d’incursions par les Tartares au cœur de l’Europe : la Russie adoptant le schisme grec, et prête à se ruer sur l’Occident pour y détruire toute loi et toute liberté; l’Europe troublée par l’affaiblissement des races musulmanes, comme elle l’avait été par leur élévation, et le partage de l’Asie aussi difficile que l’était auparavant sa conquête. Montaigne a dit qu’il y a des défaites triomphantes triomphantes à l’envi des victoires : on peut dire que le mauvais succès du plan de Grégoire VII et de ses successeurs, par rapport à l’Orient, a mieux révélé leur génie que ne l’eût fait le plus victorieux accomplissement de leurs desseins.

Le spectacle intérieur de l’Église n’était pas moins triste. Tous les efforts de saint Bernard pour le rétablissement de la saine discipline n’avaient servi que peu contre le débordement de la simonie, du faste et de l’avarice dans le clergé. La source de tous ces maux, peints avec tant d’éloquence par saint Bernard lui-même, étaient les richesses de l’Église, devenues l’objet de la convoitise universelle. Aux