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d’Aza. Ces pieux seigneurs avaient à Calaruéga une habitation dans laquelle saint Dominique vint au monde, et qui jusqu’à présent n’a point péri tout entière. Alphonse le Sage, roi de Castille, y fonda en 1266 un monastère de religieuses dominicaines, de concert avec sa femme, ses fils, et les principaux grands d’Espagne. On voit dans ce monastère des appartements plus anciens que le corps de l’édifice, et étrangers à l’architecture d’un couvent; une tour de guerre du moyen âge où sont incrustées les armes des Gusmans, une fontaine qui porte leur nom, et beaucoup d’autres vestiges appelés par le peuple, organe de la tradition, le Palais des Gusmans. La branche castillane de cette illustre famille avait sa demeure principale à quelques lieues de là, au château de Gusman; le lieu de sa sépulture, pareillement voisin de Calaruéga, était à Gumiel d’Izan, dans la chapelle d’une église appartenant à l’ordre de Cîteaux. Félix de Gusman et Jeanne d’Aza furent portés à cette chapelle après leur mort, et couchés sous deux cryptes l’un à côté de l’autre. Mais la vénération même dont ils étaient l’objet ne tarda pas de les séparer. Vers 1318, l’infant de Castille Jean-Emmanuel transféra le corps de Jeanne d’Aza au couvent des dominicains dé Pennafied, qu’il avait bâti. Félix resta seul dans le tombeau de ses ancêtres, pour y être un témoin fidèle de la splendeur du sang qu’il avait transmis à saint Dominique, et Jeanne alla rejoindre la postérité spirituelle de son fils, pour jouir de la gloire qu’il avait acquise en