Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/25

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éclatant que le soleil, que nulle fausse autorité ne possède, que nulle fausse autorité ne peut contrefaire, le signe de l’universalité, de la catholicité. S’il y a une chose remarquable en ce monde, c’est assurément ceci, qu’aucune autorité humaine n’ait pu être catholique, c’est-à-dire franchir les bornes d’une certaine classe d’hommes ou de la nationalité. Les autorités humaines sont de trois espèces : les autorités philosophiques, les religions non chrétiennes, les sectes chrétiennes. Quant aux autorités philosophiques, jamais elles n’ont atteint le peuple, et jamais non plus elles n’ont réuni dans une seule école les gens éclairés ; mais, divisées à l’infini, elles ont donné au monde, dans tous les temps, un spectacle où la pitié n’a pu être écartée même par l’estime. Où est aujourd’hui dans l’univers l’autorité philosophique régnante ? Les religions non chrétiennes n’ont jamais été que nationales, et celle qui a le plus approché du christianisme, qui pourrait même jusqu’à un certain point être considérée comme une secte chrétienne, le mahométisme, n’a aspiré vers l’universalité qu’en espérant soumettre l’univers au califat par la force des armes. Dès que l’empire musulman s’est scindé, il y a eu autant de sectes que de royaumes ; témoin la Turquie et la Perse, les adorateurs d’Ali et ceux d’Omar. Où est aujourd’hui dans le monde une religion non chrétienne qui ait un enseignement universel ? Le même phénomène s’est produit pour les sectes chrétiennes, et nous en avons un illustre exemple dans les deux