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rendre son Église universelle, en sorte qu’elle pût, comme la lumière du soleil, éclairer tout homme venant en ce monde. Aussi Notre-Seigneur commença-t-il par fonder un apostolat, c’est-à-dire par choisir un certain nombre d’hommes pour être envoyés à l’univers entier. Les païens avaient renfermé la science sacerdotale dans leurs temples. Quelques étrangers seulement, venus de loin pour les interroger, étaient admis dans le sanctuaire. Les philosophes renfermaient leur enseignement dans l’intérieur de l’école ; ils le distribuaient dans les jardins et sous les portiques, entourés des honneurs de l’amitié et des honneurs de la parole. Ce n’est pas ainsi que Jésus-Christ s’y prend ; aux dépositaires de son verbe incréé, à ses apôtres, il ne dit pas : Vous attendrez qu’on vienne vous demander la vérité ; il ne leur dit pas : Vous vous promènerez dans les jardins et sous les portiques ; mais il leur dit : Allez et enseignez toutes les nations[1]. Ne craignez ni les difficultés des langues, ni les différences des mœurs, ni les principautés temporelles ; n’interrogez pas le cours des fleuves ni la direction des montagnes ; allez tout droit devant vous ; allez comme va la foudre de Celui qui vous envoie, comme allait la parole créatrice qui porte la vie dans le chaos, comme vont les aigles et les anges.

Et quels furent les premiers apôtres qu’il choisit ? Vous avez pu voir, Messieurs, dans des temps voisins

  1. Saint Matthieu, chap. XXVII, vers. 19.