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leurs successeurs. Cette pensée était encore plus hardie, plus neuve que celle de l’apostolat. Quoi ! un seul chef à tout l’univers ! Quoi ! placer sur la tête d’un seul homme une autorité contre laquelle pourraient avoir un jour à combattre tous les princes de la terre ! Constituer l’unité sur une tête qu’un coup d’épée peut faire tomber ! Cela était neuf, hardi, impossible, et cependant cela est. Non loin du lieu où siégèrent par la force des armes les dominateurs du monde ancien, siège un vieillard dont la voix commande et est respectée non pas seulement dans les limités du plus grand empire humain qui ait jamais existé, mais en deçà et au delà de toutes les mers. Il a traversé non pas un siècle, mais dix-huit siècles. Il a vu s’élever contre lui des schismes, des hérésies, des rois, des républiques, et il est demeuré ferme sur le tombeau qui fait sa puissance, ayant pour toute garde cette courte parole : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.

Toutefois l’Église n’était pas encore complète. Si tous ses ministres eussent été évêques sous un seul pontife suprême, les liens de l’unité se fussent facilement rompus, à cause de la dignité et de l’indépendance trop grandes où eût été chaque ministre. Jésus-Christ institua donc le presbytérat, qui devait, sous l’autorité des évêques, répandre la parole évangélique, offrir le sacrifice et distribuer une partie des Sacrements ; puis le diaconat, pour aider les prêtres dans leur ministère.

Le vicaire de Jésus-Christ devait avoir juridiction,