Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/39

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lier et délier par toute la terre ; seul il pourrait instituer les évêques, leur assigner un territoire et un troupeau. Les évêques devaient avoir juridiction, lier et délier dans leurs provinces respectives, assigner sous eux aux prêtres un territoire et un troupeau. Les prêtres devaient communiquer directement et habituellement avec les simples fidèles, offrir pour eux le saint sacrifice, administrer les Sacrements, sauf ceux de la Confirmation et de l’Ordre, annoncer la parole de Dieu. Les décisions de la Foi, les règlements de discipline générale, le gouvernement de l’Église n’appartiendrait qu’au souverain pontife et aux évêques. L’Église ainsi constituée avait l’unité d’une monarchie, l’action expansive d’une démocratie, et entre deux le tempérament d’une forte aristocratie, unissant de la sorte dans son sein tous les éléments de la puissance : l’unité qui coordonne, l’action qui étend, la modération qui empêche l’unité d’être absolue et l’action d’être indépendante ; économie parfaite qu’aucun gouvernement n’a jamais possédée, parce que, dans tous les gouvernements humains, les trois éléments de la puissance ont toujours cherché à se détruire l’un l’autre à cause des passions de l’homme. Dieu seul par son Fils a fait ce chef-d’œuvre.

Telle est, Messieurs, la hiérarchie qui fut fondée pour assurer à jamais les destinées de la vérité. Mais je n’ai rempli, en vous exposant ses ressorts, qu’une partie de ma tâche. Qu’est-ce, en effet, qu’une hiérarchie ? Ce sont des hommes. Et qu’est-ce que ces