Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandaient : « Père ! ne nous souhaitez-vous rien ? — Mes enfants, leur dit-il, je vous souhaite des persécutions. » La persécution ! voilà d’où nous sommes venus, c’est notre berceau. Moi-même, je suis sorti du sang pour vous parler. Où serais-je, si le dix-huitième siècle nous avait continué sa paix ? Mais la persécution est venue, et, maintenant, si l’on nous cherche, nous vivons, nous voici.

Libre, protégée, persécutée, l’Église ne perd rien sous aucun de ces régimes ; tous lui donnent vie, puissance et gloire. Aujourd’hui, par toute la terre, l’Église est dépouillée de son patrimoine acquis lentement par ses vertus ; l’autorité civile s’est retirée d’elle ; un pouvoir nouveau, celui de la presse, a conspiré sa perte : eh bien ! au milieu du changement universel, l’Église persuade encore, et ses ennemis étonnés, ne pouvant comprendre sa vie, s’amusent à prophétiser sa mort. Semblable à la poussière qui insulte le voyageur en passant, ce siècle en ruine outrage l’éternité de l’Église, et ne s’aperçoit pas que son immobilité même est la preuve de sa force. Élevée dans le monde par une persuasion de dix-huit siècles sur une antiquité de quatre mille ans, l’Église catholique est invincible, parce qu’on peut toujours ce qu’on a pu partout. Ce qui est universel est perpétuel, comme ce qui est infini est éternel ; car rien ne peut être universel dans l’humanité que ce qui a un rapport nécessaire avec la nature de l’homme, et la nature de l’homme ne changeant pas, ce qui a un rapport nécessaire