Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/49

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avec sa nature ne change pas non plus. Si une persuasion aussi longue et aussi étendue que celle qui a fondé l’Église catholique, pouvait périr dans l’esprit humain, c’en serait fait de la raison humaine. Qu’est-ce qui serait une réalité, si une telle réalité n’était qu’une illusion ? Aussi, que disent les derniers adversaires, les adversaires présents de l’Église ? Ils soutiennent que la raison de l’homme est un progrès continu où chaque nouvelle idée tue l’ancienne, où rien n’est stable et absolu, où tout est destiné à périr, sauf cette incroyable faculté qui fait vivre un moment ce qui doit mourir nécessairement. Ils confessent ainsi le néant de leurs espérances et celui de la raison, qui n’est qu’un passage à travers des sépulcres où elle laisse un peu de cendre. Mais, comme le disait Bossuet, ce misérable partage ne leur est pas assuré ; l’Église est vivante au fond même de leurs prédictions ; jamais le genre humain n’acceptera tant de désespoir, lui qui a tant espéré ! Jamais la persuasion ne s’y éteindra, et l’Église n’est pas autre chose que la persuasion à son plus haut degré, que le royaume de la persuasion.

Ah ! Messieurs, s’il est quelque chose de beau et de sacré sur la terre, c’est la constitution divine que je viens d’analyser devant vous. Qu’est-ce que les hommes font auprès ? Ils élèvent par la force des empires qui succombent sous la force. Cyrus détruit l’œuvre de Ninus, Alexandre celle de Cyrus, les Romains celle d’Alexandre. La force, tôt ou tard, rencontre