Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/50

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la force ; une persuasion isolée rencontre une autre persuasion : mais quand la persuasion a vaincu l’univers, non dans le sens de ses passions, mais dans le sens du sacrifice, alors il y a une œuvre divine et immortelle. Et si ce sont des pêcheurs qui ont fait cela, si quelques Galiléens ont fondé ce grand empire de la persuasion malgré tous les efforts de la force, alors cette œuvre est divine et immortelle au delà de toute expression créée. Et moi, ministre de cette œuvre, fils de la persuasion, Galiléen, je vous dis à vous, enfants du siècle : Jusques à quand travaillerez-vous à ce qui passe, et lutterez-vous contre ce qui demeure ? Jusques à quand préfèrerez vous la force à la persuasion, la matière à l’esprit ? Vous dites sans cesse : Il ne faut pas laisser faire l’Église parce qu’elle deviendrait trop puissante, c’est-à-dire, il faut étouffer la persuasion qui nous subjuguerait malgré nous. Que pouvez-vous dire qui atteste davantage la divinité de l’Église ? Comprenez enfin ce qu’elle est, par les sentiments injustes de ses ennemis ; comprenez, par les merveilles de sa constitution et de son histoire, que son établissement et sa perpétuité ne sont pas des œuvres possibles à l’homme ; comprenez que tout le bien qui se fait dans le monde sort d’elle directement ou indirectement, et aspirez à devenir ses fils, à être ses apôtres, à vous ranger parmi les bienfaiteurs du genre humain. Il en est temps ; tout est par terre, il faut reconstruire : et l’Église catholique seule peut poser les fondements d’un édifice immuable