Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/79

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son trône, que saint Pierre alla poser sa chaire et chercher son indépendance. Mais quelle indépendance pourra-t-il obtenir en un semblable lieu, lui qui prétend à un domaine bien autrement vaste que celui des empereurs romains ? Quelle indépendance ? Il ne s’en occupe pas, Messieurs, il l’apporte avec lui ; il apporte l’indépendance de qui ne craint pas de mourir pour la vérité, l’indépendance du martyre.

Des pontifes ses successeurs, il n’y en eut que deux, pendant trois siècles, qui moururent dans leur lit, encore parce que les ans, pour eux, se pressèrent un peu plus que les bourreaux. De sorte que la première couronne de la papauté fut la couronne du martyre ; sa première indépendance, l’indépendance que donne la mort à celui qui la méprise. Il convenait que la puissance de l’Église commençât par cette longue douleur. La vérité sans doute aurait bien le droit de pénétrer dans les empires sans payer à leurs douanes le tribut du sang mais Dieu voulut montrer ce qu’il est utile à un homme de souffrir lorsqu’il prétend apporter aux hommes la vérité. Il détermina donc la suite des affaires de cette façon que, pendant trois siècles, l’Église et son premier apôtre à sa tête, donnèrent leur sang, afin de prouver qu’ils n’abusaient pas le monde en annonçant qu’ils étaient porteurs d’une parole d’en haut. Aujourd’hui le premier enfant qui sort des écoles se croit le droit d’enseigner la vérité à l’humanité tout entière, et si un seul cheveu