Page:Lacuzon - Éternité, 1902.djvu/36

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sa réalisation. L’œuvre du poète a plus de transcendance.

Surélevée selon de telles acceptions, la Poésie n’apparaît plus comme un jeu d’enfant, répreuve ordinaire du déniaisement intellectuel des jeunes hommes de lettres, une flânerie de songe-creux, ou l’un de ces petits talents de société honorés dans les salons du monde où l’on s’ennuie. Non plus qu’un métier visant au lucre, elle ne saurait rester la pâture des histrions plus ou moins déguisés et conscients de la vanité sociale à qui la politesse des uns et l’incompétence des autres accordent souvent des encouragements déplorables.

L’on comprendra mieux pourquoi j’ai parlé tout à l’heure de recueillement et de méditation. Les répits de l’affairement journalier ne suffisent plus à son culte, et de ses prêtres, elle réclame une propitiation fervente, sans cesse entretenue par le commerce des idées hautes et l’influence de la solitude. Or, se retirer au désert ou sur la montagne ne semble pas toujours praticable. Heureusement, ce n’est là qu’une