Page:Lacuzon - Éternité, 1902.djvu/70

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Si tous ces maux confus qu’une âme réfugie,
Jusqu’au sein du bonheur avivés tour à tour,
Ne nous traduisent point par une nostalgie,
Le remords sans péché de survivre à l’Amour ?

Car j’ai crainte souvent de ta beauté sereine,
Et malgré ta lumière où mes yeux vont errer,
Je vois, dans un long deuil qui vient jusqu’à ma peine,
Ta pauvre humanité se douloir d’espérer.

...Je vois la terre et l’onde à tes époques neuves,
Les édens primitifs et les cycles barbares,
Et les grands peuples roux campés au bord des fleuves
Où déjà vers la mer descendent leurs gabares.

...Je vois s’enfler la voile au fond de l’estuaire,
Puis, derrière, au lointain, du côté de la plaine,
Surgir, fondre et passer, l’ouragan pour haleine,
Dans l’éclaboussement du sang crépusculaire,