Page:Lacuzon - Éternité, 1902.djvu/83

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Et voici qu’amené sous les vents en fureur.
Et trouant l’ombre épaisse où l’air croupi circule.
Un troupeau monstrueux, qu’on voit à peine, ondule.
Et lentement émerge au décroît de l’horreur…

Craintifs, de lourds géants se découvrent ; leurs torses
Sont ployés, et leurs pas trébuchent dans la nuit.
Mais lorsqu’enfin, ils vont,dressés, sûrs de leurs forces,
La horde frémissante en tâtonnant les suit.

Des tigres, des lions, et des chiens faméliques
S’en viennent derrière eux et rôdent à l’entour,
Et c’est, dans lèvent noir, ruant ses fronts obliques,
L’humanité farouche en marche vers le Jour !

…Voilà qu’elle a franchi les âges sans mémoire.
La foudre, comme un fouet aux lanières de feu,
A lacéré son dos dans sa fuite illusoire.
Alors, se retournant, elle s’arrête un peu.