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longue narration de cette éternelle dépendance, le récit de cette excessive mobilité. Et ce qui est vrai pour la propriété agricole ne l’est pas moins pour la propriété urbaine, qui doit subir des exigences plus diverses encore, se plier à de nombreuses nécessités.

« La propriété n’est pas chose fixe, a écrit Stuart Mill, mais une institution multiforme qui a subi de grandes modifications et qui est susceptible d’en subir de nouvelles avec grand avantage. »

La propriété toujours mouvante, toujours en progrès, c’est une vérité qui peut nous surprendre, habitués que nous sommes à la voir sous une forme unique, « la propriété quiritaire, telle que nous l’a léguée le dur génie des Romains ». Et pourtant cette propriété rigide, la dernière en date, qui met un terme à l’évolution millénaire, est relativement récente, car après Rome, dont elle provoqua la décadence, elle connut une longue éclipse.

Laveleye, le grand économiste de la propriété, a écrit : « Le dominium exclusif, personnel et héréditaire appliqué à la terre est un fait relativement très récent, et pendant très longtemps les hommes n’ont connu et pratiqué que la propriété collective[1]. » Et il ajoute :

  1. D’après Meyer, l’hébreu n’a pas de mot pour exprimer la propriété foncière privée. Grimm affirme que dans l’ancienne langue germanique il n’a point trouvé de mot qui rende l’idée de propriété privée appliquée au sol.
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