Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/24

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Et d’autres, sur le dos, des fleurs pour oreillers,
Râlent de petits cris d’épuisantes délices ;
Sur leurs seins durs et chauds, leurs ventres et leurs cuisses,
Effeuillent en rêvant les pétales mouillés.
 
Des blancheurs se cherchant s’agrafent puis s’implorent,
Roulant sous les buissons ensanglantés de houx
D’où montent des sanglots aigus mourants et doux,
Et des halètements irrassasiés, encore…

Ah ! spleen des nuits d’été ! Universel soupir,
Miséréré des vents, couchants mortels d’automne ;
Depuis l’éternité ma plainte monotone
Chante le Bien-aimé qui ne veut pas venir !

Ô Bien-aimé ! Il n’est plus temps, mon cœur se crève
Et trop pour t’en vouloir, mais j’ai tant sangloté,
Vois-tu, que seul m’est doux le spleen des nuits d’été,
Des nuits longues où tout est frais, comme un grand rêve…