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RECHERCHES SUR LA NATURE

lois de la propagation du son. Je suppose qu’une particule d’air reçoive du corps sonore une impulsion quelconque, je trouve par l’application de mes formules qu’il se communique d’une particule à l’autre un mouvement qui n’est qu’instantané et qui ne dépend en rien de la force du premier ébranlement. La vitesse avec laquelle se fait cette communication est déterminée par la même formule que M. Newton avait déjà donnée pour la vitesse du son, et dont les résultats se trouvent assez conformes à l’expérience. Le calcul me conduit ici à traiter des échos simples et composés, et la théorie que j’établis n’est sujette à aucune des difficultés qui se rencontrent dans l’explication que les Physiciens en ont donnée jusqu’à présent. Ces Recherches sont suivies d’un examen du mélange des sons, et de la manière avec laquelle ils peuvent se répandre dans le même espace sans se troubler ou se confondre en aucune façon. Je tire enfin de mes formules une explication rigoureuse et incontestable de la résonnance et du frémissement naturel des cordes harmoniques au bruit de la principale ; phénomène connu depuis longtemps, et pour lequel on a inventé plusieurs systèmes, sans être parvenu à en donner une raison satisfaisante.

Voilà les principaux objets que j’ai traités dans la Dissertation présente, et que le défaut de temps et quelques autres obstacles imprévus m’ont empêché d’expliquer avec plus d’ordre et de netteté. Je suis bien éloigné de croire qu’elle contienne une théorie complète sur la nature et la propagation du son ; mais ce sera du moins avoir contribué à l’avancement des Sciences physico-mathématiques, que d’avoir démontré par le calcul plusieurs vérités qui avaient jusqu’ici paru inexplicables dans la nature, et l’accord de mes résultats avec l’expérience servira peut-être à détruire les préjugés de ceux qui semblent désespérer que les Mathématiques ne puissent jamais porter de vraies lumières dans la Physique. C’est un des principaux buts que je m’étais proposés pour le présent.


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