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notice sur la vie et les ouvrages

illustre que sa renommée dispense d’étaler une généalogie ; mais ils ne sont pas indifférents pour la France, qui s’est empressée de le rappeler et de le rétablir dans ses anciens droits. Son nom, celui de sa mère, attestent une origine française ; tous ses Ouvrages ont été écrits en français ; la ville qui l’a vu naître était devenue française ; la France a donc bien incontestablement le droit de se glorifier de l’un des plus grands génies qui aient honoré les Sciences.

Son père était riche, il avait fait un mariage avantageux, mais il s’était ruiné dans des entreprises hasardeuses. N’en plaignons pas M. Lagrange. Lui-même envisageait ce malheur comme la première cause de tout ce qui lui était ensuite arrivé de plus heureux. S’il avait eu de la fortune, a-t-il dit lui-même, il n’eût probablement pas fait son état des Mathématiques, et quels avantages aurait-il pu trouver dans une autre carrière, qui puissent entrer en comparaison avec ceux d’une vie tranquille et studieuse, avec cette suite éclatante de succès non contestés dans un genre réputé éminemment difficile, et avec cette considération personnelle, qu’il a vue s’accroître jusqu’au dernier instant ?

Le goût pour les Mathématiques ne fut pourtant pas celui qu’il manifesta le premier. Il se passionna pour Cicéron et Virgile avant de pouvoir lire Archimède et Newton ; bientôt il devint admirateur non moins passionné de la Géométrie des anciens, qu’il préféra d’abord à l’Analyse moderne. Un Mémoire que le célèbre Halley avait longtemps auparavant composé tout exprès pour démontrer la supériorité de l’Analyse, eut la gloire de convertir M. Lagrange, et lui révéla sa véritable destination.

Il se livra donc à cette nouvelle étude avec les mêmes succès qu’il avait obtenus dans la Synthèse, et qui avaient été si marqués,